Nous voilà arrivés en Italie, dans la région des Pouilles. Une nouvelle fois, il nous faut faire l'effort de changer de prisme pour apprécier les joies que ce pays peut offrir.
Il faut avouer que le contraste était grand entre nos dernières images de la Grèce et des montagnes enneigées de Patras se reflétant dans la mer et l'arrivée à Brindisi. La région est très industrielle, plate et balayée par les vents. Nous commençons par traverser plantations d'artichauts et centrale à charbon.
Les villes côtières sont totalement vides à cette époque de l'année sur le Salento (le talon de la botte) et nous ne croisons pas âme qui vive, ni supérette pour faire le plein. Devant la pluie menaçante, nous louons un appartement dans une résidence fantôme.
Vue de Brindisi du bateau
Champs d'artichauts et centrale à charbon en arrière-plan
Les jours suivants sont beaucoup plus cléments, nous suivons une belle côte découpée avec falaises et grottes, phares de l'époque romaine, et quelques trulli dans les champs. Nous traversons aussi des villes réellement habitées et montons quelques côtes qui réveillent les mollets.
Trullo (abri en pierres sèches)
La ville d'Otranto
Phare datant de l'époque romaine, le plus à l'est de la botte italienne
Nous bivouaquons à l'abri du vent des murs d'enceinte d'une maison abandonnée, avec des visites de renards pendant la nuit, venus fureter près de notre campement et reconnaissables par leur glapissement caractéristique. Ils remplaceront désormais les chacals que nous entendions le soir de l'autre côté de la mer ionienne.
C'est ainsi que nous arrivons au cap de Santa Maria di Leuca, au bout du bout du talon.
Phare de Santa Maria di Leuca
La côte ouest du talon est fort différente, ce sont plutôt des plages de sable fin avec de jolies dunes, et des villes balnéaires encore endormies. Quelques restes de château fort et masseria (propriété agricole fortifiée) surplombent la mer. Les baignades sont encore timides, l'eau reste assez froide en ce tout début de printemps.
Nous dormons tantôt dans un champ d'olivier devant un magnifique trullo, tantôt derrière une dune non loin de la mer, ou encore au fond d'une parcelle de jeune vigne. Le hibou petit duc anime les soirées avec son sifflet à intervalles réguliers, nous ayant fait penser initialement à un bip d'appareil électronique...
Chacun participe au montage de tente
Derrière une dune
Au fond d'une parcelle de vignes
Le terrain plat et le peu de circulation nous permet de lire à loisir, nous finissons ainsi le fabuleux feuilleton d'Artemis, empreint de féminisme et d'observation de la nature. La région est aussi très appréciée par les cyclistes de route, roulant en bandes et nous apostrophant gaiement. On a même eu droit à une série de selfies.
Nous passons par la ville de Gallipoli, spécialisée dans l'oursin, où les pêcheurs refont leurs filets et où les fruits et légumes sont vendus sur de petites camionnettes dans les ruelles de la ville. Nous souffrons un peu de la circulation, et des klaxons à tout va. Toutefois il est nécessaire de passer par les villes pour se ravitailler, les magasins d'alimentation du littoral étant encore tous fermés, y compris les boulangeries.
Ville de Gallipoli
Petite crique de Santa Maria al Bagno, à l'abri du vent
Une de mes chaussures en train de sécher sur une sacoche a décidé de prendre le large, et malgré mes 20km supplémentaires pour partir à sa recherche, elle est restée introuvable... Un étape par le décathlon de Tarente s'impose donc.
Cargo devant Tarente