Nous traversons la botte italienne d'est en ouest par la région de la Basilicate, afin de rejoindre Pompéi.
L'hiver nous surprend avec un beau revers inattendu en ce début du mois d'avril; nous atteignons les températures les plus basses de notre voyage, associées à un vent glacial venu du nord et à une pluie intermittente. Les plantes se sentent aussi encore en hiver dans cette région montagneuse, les arbres bourgeonnent à peine et les couleurs sont encore tamisées.
Nous visitons la ville de Matera, connue pour ses habitats troglodytes à flanc de montagne, appelés sassi. Cette ville est d'un blanc éclatant, et les couleurs de la fin de journée sur ses habitations sont assez incroyables.
La ville surplombe un grand ravin
Matera, vue de l'autre côté du ravin
Nous trouvons dans la vallée d'autres "grottes", habitées autrefois. Les sassi ont été évacués dans les années 50 pour cause d'insalubrité. Les habitants ont été transférés dans des HLM à la périphérie de la ville.
Reconstitution d'une maison en sassi
Le vent n'a pas l'air de nous avoir attendu pour souffler fort dans cette région, les collines sont parsemées d'éoliennes en tout genre. Nous avons le temps de discuter du nombre de pales, de la nature du mât et de calculer le nombre de tour par minute, par heure,...
Nous traversons surtout de grands champs de blé, fèves et herbes fourragères. C'est vert, vert, vert (sur les cultures, autour c'est jaune). Et pour cause, les tracteurs arrosent sans état d'âme une pluie de produits sur les champs.
Il y a très peu d'arbres, ce qui ne facilite pas notre recherche de bivouacs. Nous trouvons par contre beaucoup de fermes en ruine, mais il n'est pas si simple de s'y installer pour la nuit à cause des gravats et débris de verre à l'intérieur ainsi que des toitures en mauvais état. Nous trouvons heureusement quelques champs d'oliviers, et en arrivant vers la Campanie, des champs de noisetiers, arbre idéal pour la fabrication d'arcs.
Grande ferme abandonnée
Refuge derrière un talus un jour de tempête
Champ de noisetiers peu après Avellino
Les villes sont perchées sur le sommet des collines, et nous sommes obligés de nous y hisser pour le plein d'eau et le ravitaillement. Nous sommes régulièrement réveillés sur les coups de minuit par une pétarade de feux d'artifice, lancés pour une occasion quelconque par les habitants. C'est une tradition très répandue dans le coin, en particulier chez les napolitains.
Ville de Candela sur son promontoire
C'est dans une de ces villes difficiles à atteindre que nous sommes abordés par Domenico, notre bienfaiteur du jour et agriculteur de son état, qui propose de nous loger dans son mobil-home en bas de chez lui. Nous sommes bien contents de profiter de ce petit logis inattendu, et nous avons même la chance de monter dans un tracteur gigantesque, dont la cabine est équipée comme pour piloter un avion.
Domenico et sa famille, devant leur mobil-home à Palazzo San Gervasio
Visite guidée du tracteur
Une autre aventure a fait vibrer Martin et Timothée: la traversée d'une rivière sur un engin de chantier. Nous nous retrouvons devant une route coupée par un pont en travaux. Les ouvriers proposent de nous aider à passer le gué, pour nous éviter un détour de 10 km. Des grands moyens ont été employés: les enfants dans la cabine du tractopelle à chenilles, la remorque et les sacoches dans la pelle et les vélos à bout de bras en équilibre instable sur des rochers glissants. Le tout dans une boue où nous nous enfoncions jusqu'aux mollets. Un reportage en images fait par Martin.
Le pont n'est vraisemblablement plus en mesure de nous aider à traverser
Nous sommes obligés de nous réfugier sous le auvent dès que la tente est installée à cause du froid, du vent ou de la pluie. Martin et Timothée ne perdent pas leur bonne humeur grâce à Gaston Lagaffe. Les parents, eux, sont un peu plus découragés... Heureusement nous nous tenons bien chauds tous les quatre pendant la nuit.
Nous n'avons pas croisé grand monde en Basilicate, hormis un renard au petit matin et le derrière dodu d'un sanglier, mais nous ne sommes pas passés inaperçu. Les personnes rencontrées en chemin se sont montrées très expressives à notre passage, les voitures font souvent demi-tour pour venir à notre rencontre, nous filmer et nous encourager.
Peu avant notre arrivée à Pompéi, Antonio nous offre au passage un café et un chocolat bien appréciés, le hasard fait que nous passons les 7000 km à ce moment-là!
Nous avons hâte que le printemps s'installe vraiment, et en attendant, une halte à Pompéi s'impose!