Nous retrouvons par hasard la famille Duralem à la sortie de Makarska, et décidons de faire route de nouveau ensemble pour quelques temps.
Nous modifions un peu l'itinéraire prévu par l'Eurovélo 8 pour passer quelques jours en Bosnie-Herzégovine. Ce chemin suit le Ciro trail, voie ferrée réhabilitée en piste cyclable. Celui-ci nous conduit à Dubrovnik en évitant quelques montées et surtout nous permet de passer quelques jours dans ce pays.
Nous passons donc une dernière nuit sur le littoral tous les huit, dans un champ d'oliviers comme à notre habitude.
Au petit matin, tartines grillées et café chaud au menu
Nous remontons le long du delta de la rivière Neretva à partir de Ploce vers Metkovic, où se mélangent mer, lac et rivière. Les paysages sont très différents du littoral, déjà à peine quelques kilomètres à l'intérieur des terres. Les oliviers laissent place aux mandariniers, et des champs sont cultivés sur les terrains plats de cette zone marécageuse, où les cultivateurs se rendent en barque.
Un pneu crevé et un réchaud à réparer sur la route
Nous faisons le plein d'eau et de nourriture à Metkovic avant de débuter le fameux Ciro trail, en effet aucun commerce n'est noté sur le trajet.
Nous traversons la frontière bosniaque tous ensemble mais les troupes se séparent au début du chemin, l'équipe Besnard opte pour la voie caillouteuse et l'équipe Duralem pour l'asphalte, leurs pneus montrant quelques signes de faiblesse.
Nous voilà donc sur un chemin de cailloux, montant très progressivement, et traversant 10 tunnels. Notre virée se transforme vite en randonnée pédestre, à ceci près qu'il faut pousser les vélos. Les lampes frontales sont nécessaires dans les tunnels où vivent principalement des chauve-souris, si on se fie à la poudre noire sur le sol, le guano (excréments).
Nous surplombons le lac Svitavsko et sa vallée dans ses couleurs d'automne. La végétation change, nous retrouvons des chênes, des charmes, et des arbres à perruque.
Le lac Svitavsko
L'arbre à perruque coiffé de ses fameuses perruques
Pauvre Martin, pauvre misère, il doit marcher tout le temps
Nous traversons un pont dont les plans ont été dessinés par Gustave Eiffel, léger vertige en passant dessus avec nos gros vélos.
Un autre pont, en tout aussi mauvais état, mais beaucoup moins haut
Quelques marques humaines nous rappellent que nous ne sommes jamais vraiment seuls.
Toujours pratique en cas de besoin
Nous trouvons facilement le long du chemin un bivouac avec vue. Avant de se coucher, le soleil nous fait cadeau d'un beau spectacle.
Nous finissons le lendemain notre chemin de traverse et rejoignons la route asphaltée avec soulagement. Une autre préoccupation nous inquiète cependant: la présence possible de mines sur les bords des chemins, indiquées par des panneaux ou une simple rubalise qui s'envole...
.
Les stigmates de la guerre de Yougoslavie sont nettes: des villages en ruine, d'autres désertés, des cimetières pleins, des restes de bunkers et des trous d'obus.
village en ruine, la végétation prend le dessus
Nous limitons donc le périmètre de jeux des enfants et demandons l'hospitalité pour la nuit dans un garage, ce qui nous permet aussi d'être à l'abri du vent, assez froid.
Notre garage-hôtel à Cvaljina
Les enfants jouent à la guerre dans les décombres, difficile de les en empêcher...
Nous rencontrons une cousine éloignée de Pixel (notre chat nantais), baptisée noirousse.
Le village de Cvaljina, vu de loin le lendemain matin
Le temps étant pluvieux et froid, et la route étant assez plate, nous avançons à vive allure sur le dernier tronçon, en lisant Tobie Lolness. Nous passons devant les anciennes gares de ce chemin de fer et les derniers villages avant la frontière. Nous sommes fascinés par les montagnes que nous avons traversées, mais marqués par la pauvreté des lieux et les décharges sauvages tout le long des chemins. Un article sur la Bosnie-Herzégovine est à venir (par Martin).
De la soupe, même à midi!
Avant de passer la frontière, nous disons au revoir à la Bosnie avec un "vrai" chocolat chaud, qui réchauffe les coeurs et fait office de repas, dans un café de desperados où malheureusement l'alcoolisme et le désoeuvrement sont évidents. Un jeune homme d'une trentaine d'années a offert des jus de fruits aux enfants et leur a bien recommandé de ne jamais parier (il était lui-même sur une course de lévriers...)
Le contraste avec la côte croate est d'autant plus saisissant, les maisons y sont proprettes, le tourisme bat son plein, on y trouve des poubelles publiques et même du recyclage! Nous arrivons à Dubrovnik avant la nuit, très heureux d'avoir découvert un petit bout de Bosnie-Herzégovine.
Aucun commentaire:
La publication de nouveaux commentaires n'est pas autorisée.