mardi 2 mai 2023

Sicile - La côte Est et l'Etna

Le détroit de Messine, qui sépare la Sicile de la Calabre ainsi que la mer Ionienne de la mer Tyrrhénienne, mesure à peine 4km dans sa partie la plus étroite. Un bac permet de passer facilement d'une rive à l'autre, avec des courants parfois très forts, expliquant sans doute les difficultés qu'a eu Ulysse lors de son Odyssée à passer ce cap (Charybde du côté de la Sicile, et Scilla du côté de la péninsule).

Nous abordons la Sicile avec beaucoup de joie et sous le soleil.



Port de Messine

Le beau temps semble s'installer durablement, ce qui facilite grandement notre quotidien et ajoute l'ingrédient qui nous avait un peu manqué ces derniers temps pour que le voyage soit un plaisir.

Nous ne nous attardons pas à Messine qui a malheureusement été détruite plusieurs fois, par des tremblements de terre puis par des bombardements. 

Une route assez fréquentée longe la côte Est de la Sicile, coincée entre la mer et les montagnes. Les bourgades que nous traversons sont très vivantes, pas du tout fantomatiques comme d'autres zones touristiques du littoral italien que nous avons vues sur le continent. Les personnes âgées discutent entre elles à travers les persiennes, font descendre par une poulie un panier qu'une bonne âme remplira de victuailles et encouragent nos enfants à pédaler davantage.

Il n'est pas très simple avec ce type de géographie de trouver un endroit où planter la tente. Une nuit nous optons pour le dénivelé et montons 150m dans la montagne juste pour camper. Nous n'y avons pas été déçus par la vue, mais il a fallu aller puiser loin dans nos ressources pour ce dernier effort de fin de journée.

Première nuit de bivouac en Sicile


Une autre fois, nous optons pour la mer et plantons la tente en bordure de plage. C'est plus fréquenté et beaucoup (beaucoup) plus sale, mais rien de tel qu'un bain de mer en fin de journée.


Plein est, le soleil du matin

Il faut juste une vision sélective pour apprécier le lieu

Très rapidement, nous apercevons l'Etna à chaque virage, ce qui lui donne une place majeure dans nos imaginaires. Il faut dire que la montagne est impressionnante par sa hauteur (3300m), par la neige qui recouvre sa paroi nord et par les fumerolles qui s'échappent de son cratère.

L'Etna au détour d'un virage

La vue la plus fascinante est celle du théâtre de Taormine, petite ville juchée sur son rocher, possédant un théâtre antique grec revisité par les romains.

Théâtre de Taormine

L'Etna en arrière plan du théâtre

Vue sur mer également


La côte est aussi assez étonnante, avec parfois des plages de sable, parfois des rochers escarpés.

Plage de sable noir volcanique
Isola Bella, juste au dessous de Taormine

L'Italie du sud et la Sicile ont été des lieux importants du temps de la Grèce antique et nous retrouvons ici et là des allusions à la mythologie: Les sirènes d'Ulysse dans le golfe de Naples, Herculanum ensevelie par le Vésuve et fondée par Hercule, Charybde et Scilla dans le détroit de Messine, et enfin ces rochers, émergeant de l'eau dans des positions étranges, qui auraient été jetés à l'eau par le cyclope Polyphème enragé après qu'Ulysse lui eut percé son oeil unique.

Les rochers du Cyclope à Aci Trezza




Port d'Aci Trezza

On sent que la saison touristique commence, les bords de mer se remplissent, et nous entendons beaucoup parler français. C'est l'occasion pour Martin et Timothée de se faire de nouveaux copains, Marius et Ulysse, venus en camping-car de Marseille pour les vacances. Nous croisons aussi énormément de cyclistes de route italiens, souvent assez exubérants et enthousiastes lorsqu'ils nous croisent.


Nous nous basons à Catane pour partir à l'ascension de l'Etna, tant fantasmé. Il est le volcan le plus grand d'Europe et ses fumerolles attestent de son activité. L'accès n'y est pas si simple et tout pousse à participer à des tours organisés avec guide. Nous essayons toutefois la voie publique (beaucoup moins chère) et après nous être levés aux aurores, nous montons dans l'unique bus qui y grimpe. Le nombre de places est limité et beaucoup de touristes restent devant la porte et doivent se résigner à prendre un guide. Une fois arrivés à 1900m, nous sommes happés par le vent très fort et le paysage lunaire. Un téléphérique permet de monter à 2500m, mais courageusement (et surtout pingrement) nous montons à pieds sur un chemin très raide faisant office de piste de ski en hiver, en glissant sur les pierres-ponce et en se faisant fouetter le visage par le sable volcanique.

Nous montons sous le téléphérique

Nous rencontrons en chemin des petites coccinelles, qui viennent se réfugier ici loin de leurs prédateurs certains mois de l'année (voir article à venir de Martin sur les volcans), ainsi que des plaques de neige, vestiges de l'hiver.



Presque en haut...

Cette ascension un peu pénible ne nous permet cependant pas d'accéder au cratère principal qui est à 3300m et qui ne peut être atteint qu'après un trajet en 4X4 puis une randonnée accompagnée d'un guide. De toute façon le vent est de plus en plus fort, et le froid assez intense, donc nous redescendons assez rapidement vers les cratères Silvestri un peu plus bas, déjà très impressionnants.


Une soucoupe volante?





On tient fermement les enfants pour éviter qu'ils ne s'envolent...


Après cette excursion volcanique, nous réenfourchons nos vélos en longeant la côte vers le sud, direction Syracuse. Même si l'eau reste fraîche, nous nous baignons désormais presque tous les jours et profitons de tous les parfums de glace qu'offre la Sicile ainsi que ses fraises, ses tomates cerise et ses fèves.




Ville de Brucoli

Bivouac 5 étoiles au bord de l'eau, face à Brucoli et à l'Etna



Lavage de dents insolite

Nous traversons une zone industrielle avec des raffineries du côté d'Augusta, et dénichons un petit bout d'eurovélo 7 juste derrière une déchèterie, nous menant jusqu'à Syracuse par une ancienne voie ferrée.

Raffineries d'Augusta


L'étoile de mer et les pétroliers

Ancienne voie ferrée transformée en piste cyclable

Pause avant Syracuse


Nous visitons ensuite la ville de Syracuse, dont le centre ville est sur l'île d'Ortigia. Elle est la ville natale d'Archimède, inventeur de génie, qui a inspiré Léonard de Vinci. Un petit musée permet d'essayer nombre de leurs inventions. 
Petite ruelle de Syracuse

Baroque, isn't it?

Fontaine de Diane, alias Artémis